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Malgré la disette permanente et la surveillance de la Stasi, c’est l’amour du passé, de la jeunesse et du bon temps ainsi que la volonté de retrouver des petits plaisirs d’antan qui se fait sentir plutôt qu’un retour au communisme. Quelques jours à peine après la chute du mur de Berlin, il devient impossible de retrouver dans des supermarchés certains produits de RDA, comme les fameux « Spreewälder Gurken » ou le « Mocca Fix Gold », produits phares de RDA.
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Les rapports entre Allemands de l’Est et Allemands de l’Ouest ne furent pas toujours évidents. Les allemands de l’Ouest se révélèrent être arrogants et égoïstes. Les Allemands de l’Est les qualifiaient de « passiv, pazifistisch, pessimistisch, paranoid ».
Un bon nombre de plaisanteries à l’égard des Allemands de l’Est survinrent :
- « quelle est la différence entre les Wessis et les Russes ?
Réponse : on a réussi à se débarrasser des Russes ».
Ou encore : - « L’Ossi dit au Wessi : « nous sommes un peuple ! » Le Wessi répond : « oui, nous aussi ».
Ou encore : - « le renard est rusé. Il fait mine d’être bête. Pour le Wessi, c’est le contraire ».
Les Allemands de l’est essayent de dépasser le sentiment de prédominance des Allemands de l’ouest avec ces blagues.
Les Allemands de l’Ouest ont réalisé leur vœu le plus cher, ils ont fait disparaître le cadavre de la RDA et leur pays est réunifié. Ceux-ci, cependant, regrettent le temps ou Bonn était une sorte d’Eden, comparée à Berlin en 2009. Il n’y avait aucunes difficultés intérieures ni responsabilités internationales.
De plus, il n’y avait en RDA que 1,5 % des femmes au foyer en 1989 contre 15,8 % en RFA et seul 0,8 % de la population avait connu le chômage en RDA. Les allemands de l’est – particulièrement les femmes et les jeunes - sont donc traumatisés par le ratio de chômage de l’économie capitaliste ainsi que par une tendance à l’insatisfaction et au malheur hérité de la RDA. En RDA, il y avait une économie centralisée et la plupart des Allemands de l’Est ont gardé l’idée que tout doit être égal partout. Les hommes de l’est sont cependant aussi victimes de la réunification ; en effet, près de 15% d’eux quittent l’école sans diplôme. Une mentalité revendicatrice ainsi qu’une tendance à l’insatisfaction et au malheur hérité de la RDA ont eux aussi participé au développement de l’Ostalgie.
Une étude menée en 1991 révèle que deux Allemands de l’Ouest sur trois estiment avoir « leur part ou plus » de bonheur et de prospérité, alors que trois allemands de l’Est sur quatre pensent avoir « moins que leur part ». C’est donc en partie à cause du chômage qu’apparaît le phénomène d’Ostalgie.
Il y eut aussi la monnaie. Peu de temps après la réunification, en 1991, l’ex-RFA fit un énorme cadeau à l’ex-RDA en échangeant les marks socialistes à parité des marks fédéraux ce qui permit le développement de l’Est. Cela ne fut pas sans conséquence pour l’Ouest ! Selon la loi de 1993, l’impôt « spécial réunification » court jusqu’en 2019. Il devrait coûter entre 1200 et 1500 millions d’euros aux Allemands. Mais ce qui fut encore plus lourd pour l’économie allemande, fut le passage à l’euro. Le mot « Teuro » fut élu mot de l’année 2002, contractant les mots « euro » et « teuer », cher.
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Elle engendre enfin une sorte de fascination ironique chez les jeunes consommateurs allemands de l’Ouest qui ont trouvé une brocante morale tout à fait dépaysante. Dans le quartier bobo berlinois, les « antiquités » installées sous les tilleuls ont tout juste quarante ans, pas plus ! Elles datent des années 1970 et sont certifiées DDR (Deutsche Demokratische Republik). Il faut compter 40 euros pour une vieille armoire de cuisine en fornica orange estampillée RDA. La nostalgie est-allemande alimente nouveau marché d’art. L’engouement des touristes ou même des Allemands de l’Ouest pour les vestiges de l’Allemagne de l’Est ne cesse de croître.
A Berlin, le musée de l’Ostalgie est toujours plein, les gens y voient des jeans d’époque, des grilles pain authentiques, des vieux téléphones. Des Trabis safari sont même proposées pour faire le tour de Berlin « comme avant ». Un hôtel offrant un retour en Ostalgie est même installé dans un ancien « Plattenbau », un immeuble en béton datant de l’époque stalinienne. Le confort y est moindre : chambres dortoirs avec salle de bain collective sur le pallier. Le tout est décoré à la façon RDA : tapisseries à motif, lampes en plastic blanc, tables en Fornica, portraits d’Honecker au-dessus des lits. Meubles et papier peint ont été rachetés chez des antiquaires ou dans des anciennes familles de l’Est
Ainsi, les allemands de l’est ont l’impression d’avoir perdu leurs nombreux espoirs qui les animaient lorsque le mur était présent. Le pays des merveilles a disparu, il s’est transformé en réalité bien différemment de ce qu’ils espéraient. L’espoir enfantin les a quittés. Avec la destruction des symboles de l’Allemagne de l’est, tels le palais de la république ou le Parlement qui ont été détruits en 2006, les Allemands refusent de voir le pays de leur jeunesse disparaître. D’où le phénomène d’Ostalgie. Mais celle-ci risque de provoquer en retour une mauvaise humeur de quelques Allemands de l’Ouest qui doivent payer pour de « boulets » pareils. Un nouveau mouvement nostalgique commence à naître à l’Ouest : « notre chère RFA » est devenu la devise préférée de ceux qui regrettent leur pays prospère, sans responsabilité internationale et surtout sans impôts à payer pour reconstruire l’Est et aider ces « paresseux d’Ossis ». Celle-ci résulte de la stagnation du niveau de vie qui touche la plupart des Allemands de l’Ouest depuis vingt ans.
Feux de l'ex-RDA, toujours présents à Berlin.